Tracteur SOMUA de Bernard Loisier

Encore une réalisation en Meccano construite, voici bien longtemps, et présenté pour la première fois lors de l’exposition CAM de Soissons, organisée (de main de maître) par notre ami Bernard Garrigues en … 1993 ! Elle représente un matériel conçu peu avant le second conflit mondial pour récupérer les blindés tombés en panne ou ayant essuyé (fâcheusement) le feu de l’ennemi … L’ensemble était constitué d’une robuste remorque plateau surbaissée de marque Titan ou Coder équipée de roues à bandages pleins (ainsi, elles ne craignaient guère les crevaisons !). Le tout était mû par un petit tracteur semi-chenillé de marque Somua équipé d’un cabestan permettant dès-lors de hisser le blindé hors d’usage sur la remorque (photo 01).

Dans ce rôle, ces ensembles n’ont guère eu le temps de passer à la postérité mais, après ce second conflit mondial, les remorques ont parfois été utilisées par les entreprises de travaux publics pour transporter leur pelleteuses mécaniques (alors obligatoirement à chenilles !) d’un chantier à un autre. Personnellement, je connaissais l’existence de ces remorques car les carrières de La Roche-en-Brenil en ont utilisé une dans cette fonction tout au long des années 1950 (photo 02). C’est cet ensemble précis (que j’entendais alors évoquer, par ceux qui l’utilisaient, sous le nom de « dépannage de tank 1940 ») que j’avais initialement envisagé de reproduire en Meccano. Mais les formes plutôt arrondies de la cabine du camion (Renault de 1938), comme celles, nettement plus anguleuses, de la pelleteuse mécanique (Les Ateliers de Bondy) m’ont posé problèmes. Dès-lors, je me suis retrouvé avec une remorque plateau sans emploi et c’est un peu par hasard que j’ai alors tenté de reconstituer l’ensemble d’origine tel qu’il devait se présenter en 1940 !

Ce dernier se compose de trois éléments bien distincts. Le plus typé est sans doute le petit tracteur semi-chenillé Somua MCL 5 (photos 03 & 04) muni, en réalité, d’un équipement Kegresse, comme les chenillettes Citroën. J’ai tenté de reproduire celui-ci avec des chenilles Meccakit (photo 05). Le véhicule a une largeur de 9 trous et son châssis 21 de long, il n’est pas motorisé et ses roues avant sont simplement « orientables » (photos 06 & 07). Par ailleurs, il est muni à l’arrière d’une caisse où se trouve l’ensemble « treuil/cabestan », ainsi qu’une potence repliable destinée à y fixer un palan (photo 08) pour la manutention des lourdes pièces mécaniques lors des dépannages (photo 09). En ce cas, les stabilisateurs latéraux (normalement repliés) sont mis en œuvre.

La remorque surbaissée ne présente pas de particularité spéciale, son châssis fait 29 trous de long sur 13 de large au niveau de son plateau arrière (photo 10), pour reproduire les petites roues à bandages pleins, j’ai employé les Meccano 90 en matière plastique souple noire (réf. 331 n), mises alors en place de façon inversée (photo 11). À l’époque, et faute de documentation précise, j’ai monté les deux essieux arrière sur un robuste balancier (photo 12) … ce qui est inexact, en réalité, il y a quatre demi-essieux montés chacun sur des ressorts à lames combinés entre eux … En 2022, j’ai donc réalisé une seconde remorque avec une suspension (un peu) plus conforme à la réalité (photo 13). À l’avant du plateau, il y a deux « poupées » chargées de guider le câble destiné à hisser le blindé en panne sur le plateau. Cette partie avant du plateau (avec ses angles biseautés) est assez complexe et quelques précisions s’imposent : les axes des poupées (réf. 16 a) sont pris dans des bagues d’arrêt fixées à l’intérieur des rebords de la plaque 14×6 cm (photo 14), un boulon de 28 mm (réf. 111 d) est bloqué sur cette dernière et servira de pivot au « dolly » (la partie orientable, avec l’essieu avant). Une plaque à rebord (réf. 53) posée entre les longerons vient fermer le tout, simplement fixée par une équerre (photo 15). Sur le boulon de 28 mm passant en son milieu, on enfile deux disques (réf. 24 a ou c) enduits de graisse, puis le dolly, une rondelle large (réf. 38 d), puis un montage à contre-écrous pour régler et bloquer le tout … ouf ! (photo 16) Les roues de ce dolly sont montées de façon indépendante afin de permettre sa bonne manœuvre dans les virages, il est équipé de chaînes de sécurité (encore de mise jusqu’à la fin des années 1950 !) et le crochet de son timon est monté sur ressorts. Deux rampes mobiles complètent l’ensemble (photo 17).

Le blindé (non motorisé) est de conception on ne peut plus simple (photos 18, 19 et 20), il tente néanmoins de reproduire l’allure de l’engin réel (Somua S 35) et est équipé de chenilles en plastique noir issues de boîtes « Meccakit » … Ces dernières sont apparues bien une vingtaine d’années après les dernières plaques bleues à croisillons … mais le résultat justifie bien ce petit anachronisme ! Auparavant, il y aurait fallu figurer ces chenilles par des tôles 11 x 3 trous (réf. 189) mises en forme et notre blindé se serait alors déplacé sur quatre roues cachées dessous ! (photo 21). Comme dans la réalité, deux tendeurs assurent la bonne tenue de ces chenilles sur leur train de roues (photo 22). L’ensemble chargé peut alors prendre la route (photo 23).

Finalement, ce montage en Meccano n’est pas celui ayant été initialement envisagé, mais il a au moins le mérite d’une certaine originalité, et ce tout en faisant également référence à la réalité historique. Par ailleurs, il a eu le bonheur de parvenir intact jusqu’à nous, ce qui m’a permis, tout récemment, de le (re) présenter de nouveau lors d’une exposition … plus de trente ans après Soissons … que du bonheur !

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